mercredi 20 février 2008

Un dernier avant le retour

Mardi 19 février – Varkala Beach
21h
Tout serait parfait pour ces derniers jours, si seulement nous avions à notre disposition un bon restaurant, comme nous avons eu l'habitude d'en cotoyer, en particulier les végétariens. La plupart des bars restaurants de la falaise ont une nourriture insipide, eut égard à la cuisine indienne traditionnelle.
Comme tous les soirs, depuis notre arrivée, je me couche fourbu d'avoir ramé pour prendre les vagues, cassé de m'être fait écraser dans quelques gros rouleaux, mais content.
Bien que nous ne partions que vendredi matin aux aurores, je pense qu'il s'agit de mon dernier message posté en Inde. Je n'ai pas pu prendre le temps de la réflexion pour produire quelques conclusions sur ce voyage. Pourtant, la fin approchant, je me sens pétri de toutes les sensations qui ont fait de ce voyage un grand moment.
Je suis évidemment passé à coté de beaucoup de choses, et en particulier, de l'aspect socio-religieux de l'Inde. Mon attention a été plus captée par les signes du développement accéléré que connaît cet immense pays. La publicité, l'image en général, a été l'un des moyens de découvrir ce nouveau pays : on croit replonger dans nos années 60 – 70, à l'époque ou les rois du béton ont fiat leur fortune, à l'époque ou le formica a remplacé le meuble traditionnel, ou l'électricité a fini de remplir nos existences quotidiennes, désormais asservies à l'électroménager...
Tous les jours, nos regards découvrent des produits qui nous sont tellement familiers que nous ne pensons plus qu'ils n'aient pas pu être là ; la brouette par exemple, qui est une nouveauté ici (les chiens qui balancent leurs têtes dans les voitures aussi !), et qui va remplacer le travail effectué habituellement par les coolies. C'est un investissement parmi d'autres, qui peut être très rentable. Cela dit, la corporation des coolies n'est pas finie. Ces porteurs légalement reconnus sont obligatoires dans toute sorte de situation, comme les déménagements : vous n'avez pas le droit de déménager par vous-mêmes. Il est normalement obligatoire de prendre les services de coolies assermentés. Evidemment, beaucoup de gens déménagent de nuit, en évitant d'être vus.
200208
18h
La journée s'étire en longueur. On s'affaire après les derniers tirages de photos, moins réussis je trouve, après le taxi qui nous emmènera à l'aéroport, après les derniers achats... On profite surtout du fait que la mer est trop forte : la pleine lune associée à un swell puissant créent des vagues vraiment grosses et un mauvais courant qui emporte tout sur son passage. Ce matin, les lifeguards sont sortis deux fois pour aller chercher des nageurs imprudents.
De plus, le ciel est plutôt nuageux, ce qui nous gâte le coucher de soleil et nous enlève une raison de plus de vouloir la plage.
C'est la fin, tout simplement.
Ces derniers jours, je me fais l'impression d'être un récipient qui recueille les images les plus marquantes de ce périple pour les préserver de l'oubli, pour que je sâche bien ce que je quitte en revenant en France, et surtout pour garder en mémoire les raisons de revenir. Il n'en manque pas.
La première tient d'abord à la frustration : il me reste tant à voir et à découvrir dans ce pays. Au fur et à mesure de nos étapes, de nombreuses pistes d'exploration sont apparues, que j'aurais voulu poursuivre, si nous avions eu quelques mois de plus, sans compter le reste du pays... La seconde réside dans ces lieux où j'ai connu la paix et la sérénité, à commencer par la maison de Johnson et sa région. Il n'y manque que la mer...
L'attrait le plus puissant, peut-être, tient dans l'énergie qui traverse ce pays. Comme dans plusieurs autres pays, en particulier en Asie du sud, on se dit que l'avenir y tient une place de choix, contrairement à nos contrées, plus souvent préoccupées par la gestion du passé.
A suivre...
Dans les jours qui viennent, pour notre retour.
En commençant ce blog, j'avais voulu exprimer la plaisir que j'aurais à voyager aussi à travers ce carnet de note. Et même si je me relache ces derniers jours, je savoure quand même de m'être tenu à cet exercice quasi quotidien et d'avoir connu à nouveau des échanges extrêmement gratifiants avec certains d'entre vous, sans compter l'assiduité des autres lecteurs. C'est une relation que je goûte au moins autant que le voyage en lui-même, qui pourrait n'être à cet égard, qu'un support. Un autre moyen de partager, sans aucun doute. Je vous en remercie du fond du coeur.
Je suppose que nous aurons l'occasion d'en parler.
Je ne saurais correctement clore ce chapitre sans vous faire part de la joie qui a été la mienne à vivre cette expérience avec Séverine et les enfants. Dire que cela a été intense est un euphémisme. Et je suis d'ores et déjà curieux d'en observer les répercussions à notre retour.
Je sais que je n'ai pas placé cet aspect de notre voyage au coeur de ces notes. C'était un parti pris naturel, me semble-t-il, eut égard à l'intérêt que cela peut représenter pour tout un chacun.
Cependant, j'ai quand même besoin de témoigner de mon admiration vis-à-vis de Séverine. Encore une fois, elle a supporter des situations parfois précaires et su apporter aux enfants l'attention nécessaire à leur bien être. Nous étions ensemble et mon bonheur est complet.

mardi 19 février 2008

190208 – Varkala Beach




Petite video de la plage des pecheurs
Ismael au premier plan




160208 – Varkala Beach

Sabu est à la maison pour terminer une cabane qu'il a construite dans un palmier. C'est l'un des équipements que Jocya destine aux enfants, étant donné qu'elle souhaite faire en sorte que sa maison soit accueillante pour des familles qui voyagent comme nous. De fait, on ne rencontre pas de lieux qui puisse se démarquer par ce genre de services. Alors qu'à Varkala, pour ne parler que de cet endroit, on voit finalement pas mal d'enfants sur la plage.

Ces trois derniers jours ont été marqués par un festival. Qu'est ce que cela signifie un festival ? C'est la plupart du temps une fête religieuse, qui se déroule donc auprès d'un temple. Il peut durer de deux jours à deux semaines, en fonction de l'importance du temple et de l'affluence des pélérins. Nous ne nous sommes pas laissés tentés par ces évènements, si bien que la connaissance que nous en avons n'est qu'indirecte, et par le bruit essentiellment. De fait, à coté du caractère votif, des estrades sont montées, équipées de sonos puissantes, qui déversent des musiques généralement sirupeuses, ou classique. Ainsi jusqu'au bout de la nuit. Bien que l'alcohol soit théoriquement soumis à des restrictions très fortes, ces fêtes interminables donnent lieu à des beuveries sans nom. L'ivresse se doit d'être forte et rapide et n'est pas pour rien dans la conduite répréhensible des hommes à l'égard de leurs femmes notamment.

Bref, pendant trois jours, nous avons subi le déversement de ces musiques, qui, du fait de l'absence de vent et d'une certaine atmosphère, sont entendues par tout le village. Heureusement pour moi, j'ai le sommeil lourd...

A force d'entendre les résonnances de ces fêtes au loin, on s'en forge une image. Sans ai-je été influencé par l'imagerie des dieux car les nuits ou, en me couchant, je me laissais berçé par ces musiques, mon esprit était envahi de motifs kitchs, dominés par des couleurs dorées, rouge, jaune. On eut dit des kaléidoscopes mélangeant des symboles religieux, des aplats de couleur, des animaux... C'est en fait très drole.



180208


12h

Nous voilà de retour.

Ce matin, réveil matinal pour notre seconde sortie avec Sabu.

Retour sans gloire. J'ai mal aux sinus quand je plonge à 5 mètres, nous n'avons pas ramené de moules et nous avons perdu le masque de plongée de Sabu


Nous parlons beaucoup

Comme si nous avions peur d'oublier, déjà...



190208


9h

Nous commençons les valises

L'ambiance est vraiment cool

Avons regardé le « Chien Andalou », de Bunuel et Dali. Puissant.

Le soleil commence à donner; nous languissons après la mer. Il est temps d'y aller


Je deviens vraiment fainéant

Incapable de formuler ce qui me passe par la tête

J'aurais pourtant voulu prendre des notes sur tout ce que je n'ai pas pu écrire

Eventuellement pour les reprendre après...


A propos

Dans la perspective d'une expo de printemps inspirée de ce voyage

Et sur d'autres prolongements, comme les enfants d'Unni Sadan

N'hésitez pas à m'envoyer vos suggestions ou seulement l'intérêt que vous y portez

En me laissant un mot sur pyloisel@gmail.com

Afin que je vous tienne au courant

Merci

dimanche 17 février 2008

160208 – J&J Home Stay


Ce soir, nous avons assisté au plus beau coucher de soleil qu'il nous ait été donné de voir ces dernières semaines. Cette dernière semaine, nous vivons au rythme d'un farniente qui nous convient bien. Nous commençons le matin par un bain de trois quatre heures, entrecoupé d'une séance breakfast bienvenue. Nous hésitons ensuite sur le lieu et la teneur de notre déjeuner, n'ayant pas le souhait de profiter de tous les restaurants à touristes de la falaise. Certains sont pourtant très bons, mais les budgets nous semblent démesurés par rapport aux habitudes que nous avons prises. Le prix moyen de nos repas s'est à peu près établi à 200 Rps, pour nous cinq, soit moins de 4 euros. Et quand nous devons débourser 500 Rps, soit un peu moins de 10 euros, on rechigne. Lorsque nous sommes arrivés, ces tarifs ne nous choquaient pas, éviedemment, mais à force de cotoyer et d'apprécier surtout les « family restaurants » indiens, la cuisine comme les prix pratiqués dans les « tourist restaurants » nous rebutent.


Tout cela pour en venir à ces déjeuners que nous préférons aller prendre à Varkala, downtown, à la recherche d'un bon thali, plutôt que dans la réserve à touristes où nous ne trouvons aucun restaurant végétarien... Puis nous revenons à la maison pour une petite sieste, qui n'est plus suivie des devoirs. Après tout, les vacances ont aussi commencé en France. Nous ne tardons pas à repartir à la plage pour trois nouvelles heures de bain, puisqu'aussi bien, nous passons intégralement notre temps dans l'eau, mis à part Séverine qui ne goûte pas vraiment d'être constamment chahutée par les vagues. Cette séance se termine par le coucher du soleil, que nous ne manquerions pour rien au monde.


Force est d'admettre que, malgré le coucher de soleil et la température beaucoup plus clémente en fin d'après midi, nous préférons largement le bain du matin. L'absence de vent et la marée basse nous offre des vagues parfaites sur une mer glassy. Que du bonheur pour les garçons... L'après-midi, en revanche, le vent de sud se lève, et casse les vagues. De plus, la marée haute empêche la houle de bien se casser sur les hauts fonds de sable où nous nous trouvons. Malgré tout, l'eau est si bonne que nous sommes tout à notre joie, même et surtout Hortense qui prend peu à peu l'habitude de se faire rouler dans les vagues, sans plus avoir peur de se noyer. A part ça me direz-vous...

170208 – 08h
Sabu (prononcez Sabbou) est pécheur et l'une des relations de Jocya. Lorsque je me suis enquis auprès d'elle de la possibilité d'accompagner des pécheurs le matin, elle a tout de suite pensé à lui.
Sabu habite sur la falaise, dans la maison qu'il a reçue de son père. C'est une petite maison de pécheur où cohabitent en plus de sa femme et ses trois enfants, sa mère et sa soeur, qui vient de perdre son mari. Il a 37 ans, mais son physique en inspire 10 de plus. Sa voix grave, sa carrure, son regard, porté par deux petits yeux noirs qui se brouillent lorsqu'il boit du rhum; souvent apparemment. Sabu bat sa femme, car en Inde, cela fait partie du langage conjugal, à défaut de pouvoir se parler normalement. Quand on lui dit que ce n'est pas bien, il nous regarde avec un air de fatalité. Sabu a fait de la prison, quand il était plus jeune. Jeune et impétueux, Sabu a fait les quatre cents coups, et méritait sa réputation de gros dur de Varkala, qui lui vaut le respect de tous les hommes. Certains disent qu'il a tué, rajoutant à sa légende et à la crainte qu'il inspire C'est aussi devenu l'un des meilleurs pécheur de la côte en apnée. Il se vante de pouvoir rester 4 minutes sous l'eau !
J'espère que j'aurais des photos de lui à ajouter à mon album de souvenirs.
Peut-être dès demain, car nous partons à la péche aux moules et à la langoustine avec lui.
Ce devait être pour hier, mais, faute de s'être bien entendu, il nous fît partir avec l'un de ses collègue qui ne remplit pas le contrat. Nous fîmes une petite balade sur la pirogue et rentrâmes à la nage, faute d'avoir autre chose à faire. Nous avons cru que c'était une embrouille de la part de Sabu, et que pour l'invitation à diner qu'il avait lancée, nous devrions payer en plus.
Il n'en fut rien. Il reprit l'argent que Jocya avait innocement donné à Ismaël, quand il était venu réclamer son du avec Sabu, alors que nous étions encore à la plage. Il réaffirma son invitation à laquelle nous nous rendîmes hier soir. Assis sur des nattes, sur le sol d'une pièce étroite donnant sur les deux chambres ainsi que sur la cuisine, nous étions éclairés par des bougies. La femme de sabu avait mis à contribution sa fille et sa belle mère pour nous préparer un thali que nous garderons en mémoire : les feuilles de bananier se couvrirent de plusieurs currys de légumes délicieux ainsi que de moules frites, péchées l'après-midi par le maître de céans, d'un curry de calamars et d'un autre de crevettes. Le contexte de cette invitation rajoute encore à la saveur de ces mets que je dégustai avec enthousiasme. Nous ne pûmes refuser l'offre de Sabu de trinquer avec lui. Nous bûmes ainsi deux bons verres de rhum brun.
Après cela, la langue de Sabu se délia, et nous pûmes profiter d'un bon moment de discussion pendant lequel il me parla de sa vie, de la péche, et des plateformes pétrolières où il a commençé à aller travailler en mer noire.
Les garçons, assis à mes cotés, buvaient ses paroles et n'avaient de cesse de me demander des traductions de leurs questions ou des propos de Sabu.
Nous attendons impatiemment la sortie que nous devons faire ensemble demain.
L'heure passe, et je dois faire un choix : continuer cette page ou enfiler mon maillot de bain comme m'y enjoignent les garçons ? Je continuerais plus tard, pour parler du festival et de l'ambiance qui règne ici.