samedi 5 janvier 2008

From Séverine,

Dans la maison où nous logeons, il est impératif de faire appel à son savoir de femme pratique. Je prends petit à petit possession des murs, et ce n'est pas un vain mot. EN l'absence d'une femme pour s'en occuper, il faut reconnaître que les hommes en charge de la maison font preuve d'une certaine indigence : je n'ai pas pu m'empêcher de faire une inspection des placards dans la cuisine et d'en vider les contenus périmés et les contenants vides; autre événement qui me dépasse et face auquel un rappel à l'ordre a été nécessaire : l'extinction du frigidaire la nuit. Pus simplement, lorsque nous sommes arrivés, il y stockaient des denrées sans qu'il soit allumé...
Quand aux courses, nous en sommes encore au minimum des possibilités, car la moindre cuisson, telle que l'heure nécessaire pour le riz, est un véritable pensum du fait d'une gazinière réellement poussive.
Moi qui suis plutôt d'un tempérament vif, je ne me lasse pas d'admirer la patience des indiens. Dans les files d'attentes, en toute occasion, je ne vois pas une seule personne qui s'emporte. A tel point que nous devons faire attention à ce que les enfants ne crient pas et encore moins ne pleurent pas. Auquel cas, les conversations alentours s'estompent et on nous regarde comme nous signifier une certaine réprobation. De fait, on ne voit jamais d'enfants pleurer, sauf quelques enfants issus de la classe moyenne habitués déjà à ce qu'on cède à leurs caprices.
Hortense suscite toujours l'admiration. Je pense qu'elle en a un peu marre qu'on lui pince la joue à tout va et quand on lui demande : « what's your name, baby ? », elle répond parfois « Hortense » d'un air bougon. Avec son sens de l'à propos, la première phrase en anglais qu'à retenu Théodore est : « I don't speak english ! », ce qui lui permet de mettre un terme immédiat à toute tentative de dialogue.
Le plus difficile reste pour moi d'effectuer les devoirs; avec Edgar en particulier. Les deux heures que nous nous inflligeons quotidiennement sont souvent très laborieuses. Encore une fois, j'admire le travail des institutrices, qui doivent en plus multplier cette tâche par dizaines. Je laisse donc à Pierre-Yves, avec sa patience et sa compréhension, le soin d'apaiser ces moments plutôt hardus.
Je viens de terminer « Terre des oublis », de Duong Thu Huong, et le recommande vivement particulièrement pour le voyage culinaire que l'auteure nous fait vivre dans le Vietnam d'après guerre.

Une matinée à Cherai Beach.




Fort Kochi – 040108 – 15h00

C'est la mer d'Arabie qui vient lècher la côte de Cochin et de sa région. L'estuaire qui passe au nord de Kochi pour s'enfoncé dans les terres, est fréquenté par beaucoup de bateaux, et surtout, les eaux sont chargées des dépôts déversés par l'agglomération d'Ernakulam. Aussi, n'est-il pas recommandé de s'y baigné, à moins d'avoir un système immunitaire renforcé.
Heureusement, une plage a été aménagée à quelques km au nord de Cochin. S'y rendre prend une bonne heure et demie; il faut en effet accéder d'abord au ferry, ou au bac, afin de traverser l'estuaire. Pour nous, c'est donc 5 mn en rickshaw, à l'heure ou la ville se réveille. Arrivés de l'autre coté, on cherche un bus en criant « Cherai Beach, Cherai beach ! ». Là, nous sommes obligés de nous séparer. En effet, dans certains bus, mais c'est aussi le cas des files d'attentes, des salles d'attentes dans les gares, de certains ferrys, les places sont assignées aux hommes et aux femmes. La pruderie est un héritage de l'ère victorienne, comme le stick des policemen, qui sont devenus partie intégrante de la société indienne. Le contraste est saisissant quand on s'intéresse au partimoine littéraire (kama sutra), ou aux sculptures sexuellement explicites rencontrées sur de nombreux temples hindous. Cela dit, comme très souvent, nous nous retrouvons bientôt serrés les uns contre les autres, et dans cette promiscuité forcée, on se rend à l'évidence : cette séparation est aussi une solution pratique, que ne remettraient pas en question nombre de femmes qui doivent prendre le métro ou le RER. On nous fait descendre à un carrefour pour remonter dans un rickshaw. Enfin ! nous arrivons à Cherai beach où nous passons une agréable matinée. Nous profitons du spectacle offert par des pêcheurs qui vont et viennent avec leur petite pirogue noire. Alors que j'essaie de saisir au vol les gestes du pécheur qui lance son filet, j'apprécie la beauté du geste.













Comme prévu, hier, nous sommes repartis tôt pour faire notre seconde visite du marché. Nous revoyons des marchandes de poissons, des vendeurs de fruits et de légumes, et même certains porteurs. Sous un porche qui relie le marché aux poissons à celui des épices, je suis tombé en arrêt devant une galerie de portraits magnifiques : s'y cotoient Lénine, Engels, Marx, Staline et différents représentants du PCI(M), le parti communiste du Kerala. Impossible malheureusement de savoir si ces témoignages d'un passé glorieux font parti d'un patrimoine encore vénéré, ou bien s'ils ne sont encore là que par habitude. Ces tableaux auraient leur place dans un bon guide.




20h00
Le diner s'est terminé au moment ou le muezzin entamait l'appel à la prière, et juste avant que la coupure d'électricité journalière ne nous mette dans le noir pour une demi-heure. Et c'est moins la lumière qui manque que les fans avec lesquels nous vivons sans arrêt : on est aussitôt submergé par une chappe de chaleur qui vous enveloppe et vous empêche de faire quoi que ce soit.
Nous avons profité, ce soir, des calamars achetés ce matin, sur la plage; c'est l'un des endroits les plus courus du sud de l'Inde avec d'immenses carrelets chinois, du même type que ceux que l'on trouve en Rance. Il sont toutefois beaucoup plus grands, et maniés par plusieurs pécheurs. A coté, les pirogues s'entassent au retour de la pêche et les étals de poissons se multiplient.







Partis avec un simple jus de fruits dans l'estomac, il était temps de faire une pause. Parmi tous les marchands ambulants de la place, je ne doutais pas de trouver, à un moment ou à un autre, un vendeur de tchaï. Ce fut mieux que ça : le stand devait être réputé car la cadence de production était impressionnante. Deux hommes sont postés derrière la table, l'un pour préparer le thé, l'autre pour servir les assiettes d'uthapam au curry, d'oeufs durs avec une sauce curry et pour encaisser. Le premier récupère les verres posés sur le comptoir, les rince et les remplit avec une nouvelle tournée. Chacun se sert alors, profitant le plus souvent, comme nous, des différentes galettes, beignets de légumes masala ou bananes frites disponibles dans une vitrine. Là encore, j'ai le sentiment d'assister à une sorte de ballet bien réglé, tant du coté des marchands que des clients. Les échanges de paroles sont vifs et pressés, les assiettes rapidement nettoyées par des mains expertes à faire des boulettes.



Hortense et Théodore sont maintenant adeptes du tchaï. Edgar et Théodore, suivant Séverine, prenne un beignet masala (hmmm ! les petits morceaux de piments verts à 8h00 le matin), mais finissent par une banane frite. Finalement, pendant de tels moments, on nourrit autant ses yeux que son estomac. Et l'on repart content, malgré la frugalité objective du repas. Et ce n'est pas avec un déjeuner composé d'un énorme jus de fruits (bananes, ananas, oranges) agrémenté d'une barre de nougat que l'on compensera. Pourtant, ça va. Ca m'étonne plus que cela ne m'inquiète, mais nous faisons attention ; bien sur.




Nous commençons sérieusement à nous interroger sur notre future destination : plein nord pour suivre la côte, nord ouest pour rejoindre les hauts plateaux qui hébergent les parcs nationaux et les grands plantations de thé, plein ouest pour aller retrouver des copains à Pondicherry ??? Seule contrainte : être à Bangalore debut février pour retrouver Magali et filer ensuite vers Hampi où nous passerons sans doute une semaine avant de redescendre au sud du Kerala, via Kochi où nous allons sans doute nous alléger de quelques affaires. Le vrai sens du voyage : s'alléger, se dénuder, dégager le superficiel.



jeudi 3 janvier 2008

Bonne et heureuse année 2008 !

010108 – Fort Kochi


Une année qui commence pour nous de la meilleure façon : une bonne promenade au soleil, avec, pour finir, la rencontre d'un couple de français (aperçu à Varkala), qui ont l'heureuse particularité de posseder une maison à Jouvente ! C'est bon d'égrainer des mots qui fleurent bon la maison. Nous nous quittons avec un plaisir anticipé : celui d'imaginer que notre prochaine rencontre, à Saint Malo, nous replongera instantanément sur cette cale de Kochi, innondée de soleil. Nous reverrons les paquebots qui remontent péniblement le courant; nous évoquerons à nouveau Jew Town et ses brocanteurs, les odeurs, les épices et la moiteur de ces contrées.

Je signale en passant le site web de Florence Dufieux, qui realise des textiles originaux. Allez voir ...


A noter : dalroticochin.blogspot.com

Il s'agit du blog tenu par le propriétaire dudit restaurant, sur lequel il note ses recettes, qui sont fort bonnes. Je retiens en particulier le Paneer mughalai parata : des parata fourrées de paneer, un fromage frais, et d'une sorte de farce de légumes au curry. Les plats sont préparés de manière à ne pas heurter les palais sensibles aux épices. Ce qui n'empêche pas les plats d'être très savoureux.

Nous avons finalement fait le tour des brocanteurs de Jew town. Le quartier rappelle la présence d'une communauté juive qui fut assez importante jusqu'à la fin du XIXème. Aujourd'hui, elle s'est éteinte, et, si ce n'était la présence de quelques individus, on en parlerait définitivement au passé. Déjà, on visite la synagogue comme un musée et les commerces qui portent encore la trace de l'hébreu sont tous tenus par des indhous.

Nous avons donc eu notre premier aperçu des meubles et autres bibelots qu'il nous serait possible de ramener. Nous devons encore poursuivre nos investigations auprès des marchands directement, afin de voir si on peut sortir des « turist prices ». Car les premiers renseignements pris ne sont pas de bon augure. Nous verrons.

Reprise le 020208 – 20h50


Sur notre chemin, le Dutch Palace rappelle aussi la présence des hollandais, qui succédèrent aux portugais à Cochin et Goa. On y visite quelques salles, ornées d'une galerie de portraits de quelques rajas de la région. On déplore la détérotiation des fresques murales qui reprennent des scènes du Mahabaratha. Tout du moins, c'est ce qu'on peut lire sur les légendes, car pour le reste, les peintures sont dans un tel état qu'il n'en restera certainement bientôt plus rien. Heureusement que l'entrée ne coûte que quelques roupies, car autrement, on aurait le sentiment de se faire avoir.

Bref, on parcourt ces salles, à peine le dixième du bati

ment, et on ressort avec un sentiment mitigé : celui de l'enfant gâté à qui l'on a promis une friandise qui porte le même nom que chez lui, mais qui a un goût bien fade. En fait, on est moins en admiration d'un temps passé que dans l'interrogation de la valeur qu'on porte au notre. Je ne comprends pas ce que les organisateurs de voyages veulent montrer aux touristes qu'ils font venir par cars entiers. Cela me semble tellement extérieur à l'Inde contemporaine.

Une Inde rivée à son téléphone portable, tellement kitch dans son désir de modernité, où trône le seigneur plastique et les intérieurs de carrelages

étincelants, où le comble du succès se mesure à l'acquisition du dernier véhicule Tata, voir une Logan (j'en ai vu deux), où Bollywood est omniprésent, où les adolescents se précipitent dans les cyber-cafés pour jouer à Dum, où même l'éléphant de la parade du premier janvier était paré d'une grande toile publicitaire en lieu et place des ornements traditionnels... J'en passe bien sur. D'autant que nous ne sommes encore que dans une ville moyenne. A coté de tout cela, l'Inde éternelle surgit et persiste.

Et c'est sans doute la tradition que nous courrons lorsque nous nous réjouissons du spectacle que les artisans et autres boutiquiers donnent dans leurs petites échoppes. Nous prenons un rare plaisir à prendre la tangente des petites rues, ou de celles qui ne sont pas fréquentées par les guides touristiques, pour aller au contact d'une population affable, souriante et très accueillante. Cette errance pédestre est rien moins que nécessaire si l'on tient à saisir le quotidien des gens que l'on visite, et ils nous le rendent bien en acceptant volontiers notre objectif.

Nous nous sommes équipés d'un réflex numérique avant de partir, avec lequel nous redécouvrons le plaisir de la photo. Je devrais ajouter que nous réaprenons la photographie, tant il est vrai que les compacts numériques nous en ont tenu éloignés pendant quelques années. Cela dit, si l'on compte en plus le petit camescope et un autre compact, nous connaissons une inflation délirante d'images. Je dois passer un temps considérable à trier, sélectionner, recadrer la presque centaine de visuels que je télécharge sur mon pc tous les soirs. Déjà, certains thèmes se dégagent : portraits, scènes de rues, échoppes, famille ainsi que clichés qui pourraient bien servir à Séverine, tant la matière en est riche.

Bien sur, tout n'est pas simple ni facile, à commen

cer par le climat. Le soleil est brutal et dès 10h, il faut compter sur une chappe de plomb qui vous pèse sur la tête et les épaules. Ainsi, tenir la cadence jusqu'à midi avec les enfants nous semble-t-il plus que raisonnable, d'autant que nous voulons consacrer deux heures par jour aux devoirs, lectures et autres travaux pratiques. L'alimentation est un élément central de notre vie, comme on peut l'imaginer. Installés dans une maison, nous pouvons désormais adoucir notre quotidien en mangeant énormément de fruits et de légumes, que nous préparons en salades. Sinon, en dehors des restaurants à touristes, à peu près tout est épicé, et le plus souvent trop pour les enfants. Pour notre bonheur, ceux-ci manifestent une vraie capacité à s'adapter, et ils mangent de plus en plus facilement, sauf Hortense. Il faut reconnaître que nous ne les ménageons pas, car partir au petit déjeuner avec un Masala Dosa ou un Utapam nécessite tout de même un estomac facile.



Je pensais aussi que la saleté (apparente ?) constituerais un obstacle à leurs sensibilité. De fait, je me suis jeté sur mon appareil lorsque j'ai croisé un camion à ordure hier. On est désormais habitué aux tas de détritus qui jonchent le sol des rues, aux fortes odeurs qui remontent des canaux que l'on peut traverser de temps à autres. Cependant, les australiens avec qui nous avons passé la soirée du nouvel an avaient une théorie intéressante : les déchets sont essentiellement organiques. Comme il n'y a aucun emballage, les poubelles ne sont pas encombrées de platiques, de cartons ni même de verres. Ceux-là sont rapidement récupérés pour être recyclés par des personnes qui trouvent là, comme dans tant d'autres pays (et le notre), une source de revenu. Sur le reste passent les chèvres, les chiens, les corneilles, les vaches et je ne sais quoi, si bien qu'au bout du compte, il ne reste pas grand chose à ramasser. Déjà, on sent moins le plastique dans les feux qui consumment sporadiquement ces déchets qu'à Varkala, où la présence des étrangers était beaucoup plus forte. Mais mon opinion est sans doute partiale...


Il faut que je l'avoue maintenant : ce qui est nettement plus difficile ici qu'à Bali, c'est d'avoir l'esprit en paix dans l'inaction. Alors que nous avions passé plus de trois semaines sans bouger de notre maison, avec un emploi du temps des plus succinct, nous n'arrivons pas ici à nous poser et à attendre que le temps passe. Tout se passe comme si il nous fallait absolument courir le pays pour en découvrir le maximum et ne pas revenir ignard. Ainsi nous sommes déjà quasi « obnubilés » par notre prochaine étape, attrapant deci delà des commentaires sur tel ou tel spot, épluchant le Lonely Planet et le Routard, nous demandant ce que nous recherchons pour ne pas taper à coté...


A voir. En attendant, nous allons parer au plus urgent, à savoir : retourner au marché en y apportant quelques photos des personnes que nous avons rencontrées la première fois ; trouver ce magasin où s'entasseraient plusieurs étages de tissus. Il faut partir tôt.

mercredi 2 janvier 2008

Dimanche 30 décembre - 17h

J'ai la tête lourde. Sans doute un coup de bambou assené par cette marche matinale sous un soleil trop fort. La sieste n'a probablement pas arrangé les choses, mais elle était nécessaire.

J'ai complètement perdu le fil des jours et d'un contenu qui pourrait leur être associé. C'est un sentiment bien curieux. Bien sur, je sais qu'hier, nous sommes allés au marché; qu'aujourd'hui, nous avons poursuivi notre découverte du quartier de Mattancherry, au sud de Fort Kochi; et que demain, nous essaierons d'aller nous baigner sur une ile à proximité de Kochi. Mais je ne suis plus capable de dire si nous sommes jeudi, lundi, ou dimanche. Etrange...





Tout se passe comme si ces textes constituaient le seul lien avec une forme de temporalité linéaire, avec ma mémoire, tout simplement.

Et justement, il me faut revenir impérativement sur notre excursion à Ernakulam. L'objectif formulé était un Emporium (magasin d'état à prix fixes) et un « dédale de ruelles », sic, dont on nous avait parlé. Ce type de magasin est le vestige d'un autre temps. On y parlait plan quinquennal, diplomatie est-ouest, idéologie, prix fixés par l'état pour un nombre important de denrées et de services, quoique ceux-là fussent assurés, justement, pour une large part par des entreprises ou administrations d'état. L'Emporium, donc, est un endroit qui présente encore un mérite : celui de vous indiquer un ordre de prix proche de celui qu'il faut atteindre. On mesure mieux après, les marges gigantesques que certains commerçants peuvent s'assurer avec les touristes. Exemple : Séverine se présente dans un magasin de vêtement cet après-midi. Elle entend un parisien (reconnaissable à son accent, c'est bien connu) qui houspille femme et enfants, tous griffés, pour qu'ils abrègent la séance. Finalement, le montant de leurs achats s'avère de 3 à 4 fois supérieur au prix normal. Séverine n'avait plus qu'à sortir, le jeu étant désormais faussé.




Nous n'y fîmes qu'une brève halte. De retour sur la grande avenue, Broadway Road, nous nous mîmes en quête du premier passage venu, susceptible de ressembler à une ruelle. Il fut rapidement trouvé. Nous nous retrouvâmes alors dans une sorte de complexe à étages, garnis de petites échoppes en tous genres. C'était déjà beaucoup plus sympathique comme ambiance. Cette déambulation nous amena tout droit au seuil d'un magasin de textiles; comprenez saris, dothis, moustiquaires, et autres accessoires en tissu. Nous y passâmes un moment, et l'on vint nous offrir le thé. Une attention fréquente ici, comme elle l'était aussi à Bali d'ailleurs, mais qui fait toujours autant plaisir.

Cette promenade s'annonçait sous les meilleurs auspices. Nous la continuâmes en nous enfonçant toujours plus avant dans ces ruelles que nous cherchions. A un moment, un étal de piments et d'autres épices nous fit tourner les yeux. Notre flair, aiguisé comme jamais, sentait la présence d'un marché. Nous nous retrouvions finalement, Séverine et moi, dans un véritable état d'exitation. Embrayant dans cette allée, je me retrouvai nez à nez avec un homme avec lequel j'avais partagé un thé aux aurores, alors que je revenai avec les courses du petit déjeuner. Notre surprise fut aussi grande que notre joie spontanée.


L'heure qui suivit nous vit parcourir le marché, à grandes enjambées enthousiastes. Il s'agissait surtout de prendre la mesure des lieux, les dimensions des différents quartiers du marché, et en particulier celui aux poissons, bien sur. Les enfants, brinqueballés dans cette foule, oppressés par la chaleur, le bruit et les sollicitations réclamaient rapidement « un arrêt aux stands ». Nous dûmes nous échapper pour nous mettre le plus vite possible à l'ombre, au calme et en situation de nous restaurer. Il était hors de question de reprendre le ferry avant le déjeuner, aussi nous prîmes un rickshaw pour nous rendre au Fry Village Restaurant, une sorte de cantine locale où nous nous régalâmes d'un tali fish curry et de byriani pour les enfants.


Le retour fut plus calme et nous pûmes gouter une après-midi de repos, en omettant pas quelques devoirs, histoire de ne pas perdre la main.

Juste un mot sur le diner pour signaler que cette première salade maison depuis notre arrivée nous ravit les papilles.


Du fait d'un coucher relativement tardif, notre réveil fut plus difficile ce matin. Et la marche que nous entreprîmes ensuite fut trop longue. J'avais mal évalué les distances, et la malchance voulut que nous ne pussions pas prendre de collation avant un bon moment. Cela dit, la cantine où nous nous arrêtâmes nous offrit un excellent moment.



Un merci en passant à tous ceux et celles qui nous envoient des petits mots. Si je ne réponds pas toujours, sachez en tout cas qu'il sont fort appréciés.



dimanche 30 décembre 2007

291207 – Fathima Royal Cottage, from Severine



Ce soir, c'est une main féminine qui prend le clavier, à défaut du crayon.
Première impression : le sud est beaucoup plus paisible que le nord. On rencontre peu, voir pas de mendiants, hormis quelques spécimens désarticulés dans les gares. Personne ne nous saute dessus à chaque sortie de rickshaw, les gens sont vraiment accueillants, souriants, surtout en nous voyant habillés en kurta pyjama blanc.

En arrivant à Kochi, dans cette maison où nous disposons d'une cuisine, nous avons enfin réussi à sortir des sentiers touristiques. Ce soir, avec Hortense, nous sommes allées faire notre premier marché, soit : des tomates, des concombres, une betterave, un demi chou rouge, de l'ail, un ananas, une pastèque, des bananes vertes et des petites jaunes, des petits pois frais, un citron vert, de l'huile de vache, conditionnée en petit pot de 10 cl et du poivre. Le tout pour 190 Rps (soit 3,40 euros). Ceci m'a donc permis de réaliser une bonne salade fraîche, ce qui est rare en Inde, puisque tout est pratiquement cuit, et le plus souvent frit, avec différents currys. Nous l'avons accompagnée de samosas et de galettes de dalh. Hortense a eu le droit à son petit gateau très sucré, recouvert d'une feuille d'argent, genre pâte d'amande.

Nous sommes aussi passées par le tailleur, afin qu'il lui confectionne une jupe et une blouse (petit haut très serré), que les indiennes portent sous leur sari. J'ai acheté ce matin un sari (4 m) ainsi qu'un dothi pour Pierre-Yves, dans lequel elle coupera le tissus nécessaire (2 m). Réalisation : 80 Rps (1,50 euro). A noter que les saris du sud sont tous blancs, ou blanc cassé, avec des liserés de couleur. Rien à voir avec les saris du nord beaucoup plus colorés.

J'ai pris un grand plaisir à effectuer ce petit tour, pendant lequel j'ai retrouvé mes sensations du voyage. Tout se passe comme si je faisais un plongeon dans le passé : aucun aliment n'est emballé au préalable. Le contact est direct, on achète uniquement ce dont on a besoin. Les paquets de lessive sont vendus à l'unité, et pas par paquet de 20 kg. Ca implique une modification de ses habitudes, pour retrouver les tâches ménagères sans l'aide de la machine, tant pour la cuisine que pour la lessive, qui est faite à la main à quatre pattes dans un seau.

Tout cela va avec un rythme de vie que nous retrouvons depuis que nous sommes arrivés ici : on explore pour trouver les magasins, on découvre de nouveaux produits, on goute, et on prend le temps de le faire. Ainsi, pour vous donner une idée de notre journée type, nous nous levons vers 7h00. Nous prenons notre petit déjeuner sur place si nous avons de quoi, sinon, nous partons le prendre dans un des restaurants que nous avons à coté de chez nous. Pierre-Yves s'est fait un copain avec qui il pense prendre son thé le matin (7h30). Nous l'avons croisé par hasard à son échoppe sur le marché d'Ernakulam, et ils se sont donnés rendez-vous demain.
Le matin, nous marchons. Nous choisissons un lieu de destination et nous partons à sa découverte. Vers midi, les enfants ont soif, ils ont chaud et sont fatigués, surtout lorsque nous leur faisons subir des lieux qui grouillent, genre marché. Nous essayons de déjeuner rapidement et nous rentrons à la maison pour la sieste, les devoirs, les travaux pratiques, la lecture. Ainsi s'écoulent les heures les plus chaudes. En fin d'après-midi, nous repartons, ensemble ou séparément, pour différentes activités.

Ce que je redécouvre aussi dans le voyage, c'est la proximité avec les enfants. On est collés à eux et réciproquement, que ce soit dans le rickshaw, dans le bateau, dans le marché, partout. On les porte, on se tient par la main. J'ai l'impression d'être une poule avec tous ses petits autour. C'est assez agréable. Le fait aussi de ne pas se quitter un seul instant constitue une expérience toujours renouvelée. Il faut s'armer de patience, se supporter les uns les autres, faire preuve de compréhension. Surtout, nous voyons nos enfants de façon intense, nous les observons beaucoup et nous pouvons remettre les pendules à l'heure en live. Mais, par chance, nos relations sont entourées d'amour et cela facilite beaucoup les choses.
En tout cas, je me sens bien ici. C'est une grande parenthèse dans mon quotidien. J'ai l'impression de me concentrer sur l'essentiel.
J'embrasse particulièrement nos familles ainsi que toutes mes copines auxquelles je pense bien souvent. C'est une sorte de rêve que d'imaginer pouvoir passer des moments avec elles dans des circonstances comme celles-là. Et je souhaite vraiment à tout le monde de vivre ce genre d'expérience.