samedi 2 février 2008

010208 – Ashoka Road


15h15 17h – Une heure et demie pour avaler quelques pages d'exercices de géométrie et traiter les quarante photos prises ce matin. Une fois les devoirs finis, on laisse place à la musique et aux allées et venues des enfants.

Je viens de faire la connaissance d'Alexis, un anglais, artiste de son état, et vivant en Inde, depuis une bonne dizaine d'années. Ses travaux sont des oeuvres monumentales, faites de bois sculpté, de plastiques, de verre, apparemment, et ce sur plus de 10m². Il fait travailler plusieurs peintres ou artisans dans trois ateliers différents. Là n'est pas le plus important, puisque je n'ai pas eu accès à des visuels pour apprécier et décrire plus précisément ces travaux. Notre conversation a plus porter sur la manière de vivre en Inde, et sur ces endroits où se rassemblent des communautés cosmopolites. J'avais pour moi l'exemple de Bali, un cas d'école en la matière, et lui Goa ainsi que le sud de la Thaïlande. En fait, ce genre de personnes, pour peu que vous ayez une oreille prête, distille un discours qui incite au fantasme. Lorsqu'on a des références permettant d'imaginer la vie dans un lieu comme Goa, on se laisse facilement prendre au rêve d'y passer du temps, organisant quelque affaire à partir d'une vieille maison coloniale, comme on peut en trouver, pour peu qu'on s'éloigne un petit peu de la plage. La nourriture y est excellente et peu chère, les rencontres nombreuses, le climat des plus agréables; ne manque plus que l'idée nécessaire à une implantation afin de ne pas tourner en rond.

« - You know man, life is so good there ! »

La lessive est terminée, fort heureusement. Dans une maison classique et un peu cossue, on trouve toujours un petit lavoir dans l'arrière cours. Celui-ci permet de laver le linge à la maison au lieu de devoir se rendre dans les lavoirs publics, qui se résument le plus souvent à la rivière, quand on est à la campagne. En ville c'est une autre affaire. Toujours est-il que nous avons droit tous les jours ou presque au bruit du linge qu'on bat contre la pierre. Le matin, vous êtes assurés de vous réveiller, a fortiori si le vendeur d'épinards (Sopo) se met dans la partie. Nous garderons longtemps le son de sa litanie en mémoire.

Ces derniers jours, la chaleur est devenue plus lourde et moite, ressemblant un peu aux conditions que nous avons connues à Fort Kochi. Il ne nous reste plus que deux jours à Mysore. J'ai essayé d'appeler un ou deux endroits à Hampi pour réserver. Encore une fois, le Lonely Planete s'avère défaillant, tant sur les indicatifs téléphoniques que sur les numéros, qui n'existent plus. Si tout se passe bien, nous aurons peut-être la surprise de retrouver Marion. Lors de notre dernière discussion pendant notre séjour à Kochi, elle m'avait informé de leur souhait de revenir début février à Hampi. Nous sommes dans les clous.

Temple ambulant

020208 – Railway Station

12h30
Ce matin, la maison devait à nouveau se remplir de yogistes pour un breakfast d'adieu. Mes préoccupations étaient plus prosaiques : retourner pour la troisième fois au comptoir de réservations de la gare afin de prendre nos billets Hampi Bangalore. Cette fois-ci, malgré mon arrivée matinale, avant l'ouverture des guichets, je décidai de prendre patience et de faire la queue. Fort heureusement, je découvrai qu'un des guichets était réservé aux séniors ainsi qu'aux détenteurs de carte de crédit. Du coup, je grillai une centaine de personnes et me retrouvai assez rapidement muni de mes billets. A mon retour, le défilé commençait.
Nous nous esquivâmes rapidement avec Séverine et Hortense en direction de Devarajurs Road, l'une des artères commerçantes de Mysore. Objectif : une valise assez grande pour caser plusieurs achats, encombrants...Hortense comme il arrive parfois, piqua une crise dans un magasin ou Séverine s'achetai un tee-shirt. Comme à chaque fois que cela se produit, nous devenons la cible des regards alentours, melant étonnement et incompréhension devant notre inaction. Il est vrai que nous ne pouvons pas, comme à notre habitude, manifester notre juste colère à l'égard de caprices injustifiés. Nous attendons donc que ça passe.


Le jardin s'est vidé et nous nous sentons plus tranquilles quand nous franchissons la grille du jardin. Je m'essaie à une partie d'échecs à l'horloge : échec et mat en moins de trois minutes je crois. Une défaite sévère ! Mais qui me donne envie de recommencer. J'ai toujours joué en associant les échecs à la durée de la réflexion. La pression du temps qui s'écoule transforme radicalement le jeu : c'est la première leçon que je tire de cette expérience cuisante.Du reste, et à ma décharge, j'avais en face de moi un adversaire coriace.

Nous partons lundi matin à 7h pour 24h de voyage, avec un arrêt d'une demi journée à Bangalore chez Magali, avant d'embrayer sur une nuit de train. Je ne suis pas sans appréhender cette périgrination. Les temps de transport sont assurément les plus fatiguant et je ne serais rassuré qu'une fois nos valises posées dans la guest house où nous aurons trouvé nos chambres.

Maqrquetterie sur le trottoir, dans le quartier des artisans

vendredi 1 février 2008

310108 – Lakshmipuram

Le salon ...



La salle de bain ...



Nous avons renoncé à la visite du palais d'été du maharadja, Sinangapatham, ainsi qu'au sanctuaire des oiseaux, Ranganathittu. Cette promenade d'une journée à quelques kilomètres de Mysore figure pourtant parmi les activités recommandées par tous les guides et évidemment les locaux. Pourtant, nous avons préféré aux vieilles pierres et autres crocodiles vus de la barque, l'activité du marché, le bruit de la rue et la recherche de Ganesh.

Un dieu qui fait l'unanimité, sans doute le plus révéré en Inde. Si les enfants l'identifient comme le dieu de la chance, celui qui lève les obstacles, il est surtout celui des scribes et des écrivains : on le présente systématiquement avec une défense qu'il brisa lui même pour écrire la fin du Mahabharata. Plus de détails sur les contes et légendes s'y rappportant sur http://www.ganapati.club.fr/C'est sans aucun doute l'un des fils conducteurs de notre voyage, une présence quotidienne à laquelle nous nous référons volontiers. C'est donc tout naturellement que je me suis mis en tête d'en rapporter une effigie afin qu'il nous rappelle ce séjour. Le problème était posé, il fallait ensuite trouver l'objet. J'y ai mis du temps, et heureusement un peu de patience. Car on trouve des statues de Ganesh à tous les prix, en métal et en bois, de toutes les tailles, mais le plus souvent très récentes. C'est aussi un prétexte, bien sur, pour visiter des ateliers de sculptures.

Ce faisant, j'avais déjà remarqué un beau ganesh lors de notre première visite au musée Indira Gandi. Et presqu'une semaine après, lorsque j'y revins hier, je m'aperçu que cette statue n'était pas conforme à l'image que j'en avais gardée, déformée sans doute par beaucoup d'autres vues depuis. En revanche, son pouvoir de séduction agît à nouveau, et je me décidai, à la satisfaction de tous. Et nous voilà avec une quinzaine de kilos supplémentaires...



La promenade de l'après-midi se solde à nouveau par une déconvenue. Je suis pourtant parti avec le plan en tête et noté sur mon calepin afin de le montrer au rickshaw. Las, le botanical garden ne se donnera pas à nous. Nous retombons aux limites du campus, et je ne tiens pas à m'y aventurer.Ce faisant, nous passons devant une grande tente. Il s'agit d'une foire comme il s'en tient régulièrement. Celle-ci est dédiée à l'artisanat du nord de l'Inde, tout au moins de certains Etats (Orissa, Madhya Pradesh, ...). A défaut de balade horticole, nous nous décidons donc précipitament pour ce marché. La qualité est inégale, mais les prix imbattables : je peux enfin ma laisser tenter par le petit chess game auquel j'aspire depuis notre arrivée.Nous revenons par Dhavananthri Road, à la sortie du grand marché afin de prendre livraison des photos que nous venons de faire développer. Nous sommes vraiment contents de certains résultats, notamment de certains portraits réalisés au petit marché, et dont je dois donner des exemplaires aux marchandes. La plupart des gens, ici, ne possedent pas d'appareils photos. Si vous passez quelques temps devant un studio comme il en existe à peu près partout, vous rierez de voir le défilé de femmes endimanchées. Celles-ci sont le plus souvent accompagnées de leurs enfants vêtus de vêtements du dernier kitch pour un portrait qui ne l'est pas moins.Cela dit, il m'est arrivé d'aller dans des magasins dédiés au tirage de photos, et vous pouvez alors apercevoir le résultat de ces travaux, qui vaut vraiment le déplacement. Ca ressemble à une galerie de portraits aux regards hallucinés : dés qu'un indien lambda se fait photographier, il prendre une pose des plus sérieuses, le regard fixe, s'empêchant de cligner des paupières. Bref, il pose. C'est une des raisons qui rend parfois difficile de capter le naturel, dès qu'une personne est rentrée en relation avec l'objectif de l'appareil.
Heureusement, on fait parfois de belles rencontres...

La suite était prévue : Séverine se faisait fort de redresser le tort qu'elle avait subi en achetant des sachets de pigments le double du prix normal. Nous retrouvâmes donc le marchand. S'en suivient des explications houleuses, pendant lesquelles nous reçûmes le soutien d'un vendeur d'huiles esentielles. C'est clair, nous sommes désormais « tricards » dans le grand marché.

Nous sommes arrivés en décembre, le mois de janvier est désormais derrière nous. Demain, février...

Avant de rentrer a la maison, nous passons devant les marchands de sncka de K.R. Circle, qui allument leurs feux a 5h30, en fin d'apres midi. Edgar insiste et nous nous laissons tentes par des Gobi Mandchourians ; une sorte de choux fleur mis en pate et frite ensuite, avec des oignons, du poivron et des piments, bien sur. Delicieux !

Le coucher de soleil est magnifique. Je suis vraiment bien


mercredi 30 janvier 2008

290108 – Lallita Mahal

Je perds le fil. Deux jours sans écrire, et les sensations de diluent, les souvenirs se troublent, l'emploi du temps devient imprécis.
280108 - Retour sur Irwin Road et All Temple Road.
Il nous fallait impérativement sortir hier matin. Une journée à la maison nous avait suffi pour culpabiliser. Pour compenser l'absence de véritable objectif, nous décidâmes de repartir vers le musée Indhira Gandi, fourbis de nos cahiers et crayons pour essayer de dessiner. Autant le dire de suite, nous n'atteignîmes jamais l'entrée. Mysore est la ville de la soie et du bois de santal, l'Ashtanka Yoga n'est qu'un épiphénomène. Aussi cherchons nous de temps à autres des endroits propices à quelques courses.
Le Cauvery Emporium jouit d'une bonne réputation et nous arrêtâmes le rickshaw devant son entrée, décidés à enfiler Irwin Road ensuite pour rejoindre le musée. Ce magasin, fort grand, est en fait un magasin d'Etat, mais aussi et surtout un lieu d'arnaque. Les prix pratiqués comme la qualité proposée (de la laine qu'on vous fait passer pour des pashminas !) nous ont fait fuir immédiatement. Sur le chemin, avant de croiser l'Ayurvedic Health Center, je m'arrête devant un batiment, à l'entrée duquel je vois un grand tableau. Je rentre. A peine franchi le seuil, je découvre une vaste salle, qui abrite de magnifiques statues, des dizaines de vitrines à moitié pleines d'objets provenant des quatre coins de l'Inde, de vieilles photos... Tout ça est poussiereux, et gardé par deux jeunes hommes, à qui je demande s'il y a des choses à vendre. « Yes, all ! », puis en faisant mon tour, je m'aperçois que rien n'est à vendre. Un homme arrive et conclut la visite en me signifiant que c'est un musée. Pourtant, c'est vraiment un assemblage de bric et de broc, rassemblant aussi bien de vieilles chaises sans aucun intérêt, que des objets de série sans aucune valeur non plus. Encore une expérience frustrante, car dieu sait si je me serais bien laissé tenté par cette statue de Gandi, ou ce buste d'un maharadja...
Nous poursuivons notre route sur Irwin Road, une artère grouillante, quoique pas très large. Après quelques centaines de mètres, nous croisons une rue dont l'allure nous appelle instantanément : nous sommes en train de pénétrer dans le quartier musulman, avec son propre marché et une armada d'artisans, dont des ébénistes, dont nous finirons par visiter un atelier. L'atmosphère est paisible, les gens plus ouverts, nous semblent-ils, que dans la proximité du centre ville. A un petit carrefour nous tombons sous le charme de vendeuses de tomates, souriantes et volubiles. Les enfants, non seulement acceptent, mais contre ma prévention, enfournent les tomates qu'elles leur donnent sans qu'on puisse les laver. Le contraste avec le grand marché est saisissant, et nous sommes heureux de nous retrouver ici. Les scènes de rues accaparent l'objectif de Séverine. Puis nous tombons en arrêt devant une petite échoppe de 3, 4 m². C'est une brocante comme on les aime, où l'on tombe sur de belles surprises, enfouies les unes sur les autres.

Comme il se doit, l'heure du déjeuner étant largement dépassé, les enfants commencent à crier famine. Aussi, la visite d'un atelier de menuiserie, comme il en existe plusieurs dans ce quartier d'artisans, tourne court. Nous avons juste le temps de voir en détail les étapes de la fabrication d'une table en marquetterie. Tout d'abord, les pièces de bois sont ouvragées qui pour les pieds, qui pour le plan de la table. Parallèlement sont découpées les morceaux d'os qui serviront au dessin de la marquetterie. La plupart du temps, on retrouve des processions d'éléphants, ou d'autres animaux, des scènes d'une Inde quasi folklorique désormais. Le premier atelier que nous visitâmes était de ce point de vue, comme de celui des essences utulisées, beaucoup plus moderne et à la fois plus noble dans le choix des motifs. Une fois ces découpes réalisées, on en saisit le contour sur les pièces de bois, qui sont alors creusées de l'épaisseur idoine. La dernière étape consiste à coller les dessins dans les morceaux de bois, à polir l'ensemble et à le vernir, pour obtenir le meuble finalisé. Il va de soit que l'intérêt réside dans l'atmosphère de ces ateliers, dans les odeurs, dans la posture des artisans et finalement, dans la beauté de certains gestes. Bon accueil au RRR restaurant, dont les grandes feuilles de bananiers ainsi que les serveurs nous sont familiers. La promenade de la fin d'après-midi nous ramène vers Devaraj Market, le grand marché, afin de prendre livraison des 250 photos que nous avons fait développer. Bonne surprise sur la qualité des couleurs. Sur l'ensemble, il devrait s'en trouver quelques unes suffisamment intéressantes pour être imprimées dans un format plus conséquent. Nous passons la soirée à effectuer une nouvelle sélection, notamment de celles que nous avons prises pour servir le travail de Séverine. Je croise les doigts afin que les prochains tableaux soient inspirés par certaines matières et motifs que nous avons trouvés ici.



La journée d'hier, 290108, a été marquée par une grosse séance de piscine. Les enfants, un peu turbulents ces jours ci étaient prévenus : j'étais a priori contre ! Et au premier chahut, ou au premier caprice d'Hortense, j'embarquai tout le monde. Je me laisse pourtant décidé, et nous partons pour le Lallita Mahal, un palace 5 étoiles, ancienne résidence du haut commissaire britannique de Mysore. A vérifier.Nous passons le zoo, et sortons de la ville en direction de Chamundi Hill (le temple visité le deuxième jour, avec ses 1000 marches). Sur notre droite, au premier plan devant la colline nous apparaît un grand batiment qui à tous les airs d'un palais. Il se détache, grand, blanc et massif. A notre surprise, c'est notre destination. Nous débarquons de notre rickshaw et entrons dans ce vaste hall, au standing duquel nous ne sommes pas habitués. Le cadre est fort sympathique, d'autant que nous sommes quasiment seuls. On aperçoit quelques clients, en se disant qu'ils sont vraiment éloignés de l'Inde que nous cotoyons au quotidien. On ne les envie pas : il doit falloir faire un véritable effort pour s'affranchir de toutes les barrières qui vous éloignent de la réalité....






Finalement, peu avant le coucher du soleil, nous quittons à pieds l'hôtel. Il y a quelque chose d'un peu surréaliste, et en tout cas de très drôle, à nous voir ainsi nous éloigner. Car nous nous retrouvons dans les faubourgs de la ville, les enfants hellant les quelques rickshaws ou camionnettes qui passent rapidement devant nous. Comme il se doit, il ne nous faudra pas attendre longtemps pour qu'une solution se présente et que nous arrivions contents à la maison.

A mentionner l'excellent Chicken Tikka avaler hier soir. Du pur bonheur. Des morceaux de poulets (boneless), marinés dans une sauce épicée rouge, et cuits ensuite au tandori. A équivalence de goût avec le paneer 65, qui fait mon délice.

lundi 28 janvier 2008

270108 – Semaine 6 !!!



Le "meter" du rickshaw. A Mysore, on a rapidement compris qu'il ne sert a rien de negocier le prix ou pour qu'il soit mis ; il suffit de rentrer dans le rickshaw en indiquant son adresse et le driver enclenche le compteur.

La sixième semaine est déjà bien entamée. On ne pense pas encore au retour, mais on est pas loin. A ce point, je m'imagine qu'Hampi, où nous arriverons après une nuit de train à partir de Bangalore, constituera l'apogée de notre voyage. Notre séjour là-bas se concluera par trois jours dans un hôtel de rêve. Encore une fois (et je repense à Tamann Dayu Villa, à Bali), les conditions d'hébergement sont déterminantes, et de ce point de vue, nous avons encore été chanceux. C'est évidemment le cas quand nous sommes logés, comme ici à Mysore ou chez Johnson, dans des maisons habitées, qui ne sont ni des hôtels ni des guest house. Au calme de la campagne a succédé un va et vient cosmopolite bien différent, mais loin d'être désagréable au demeurant. Cela nous change de notre cocon. Nous avons nos habitudes, notre complicité, et cette intimité viendrait presqu'à me manquer, déjà. Nous avons pleinement conscience, avec Séverine, de la chance qui est la notre de pouvoir vivre intensément cette vie de famille. Et ce d'autant plus que nous sentons aussi se sentiment croître chez les enfants. Comme tous les moments sont partagés ou presque, ils sont amenés à réagir en même temps que nous, à offrir leurs impressions et surtout à nous regarder à chaud, toute la journée, quelque soit la situation. Avec toutes les réserves qu'on peut y mettre, on peut presque dire que nous sommes tous responsables les uns des autres. Ils savent bien qu'il n'en est rien, dans l'absolu, mais au quotidien, ils se rendent compte que nous devons nous serrer les coudes pour profiter de chaque situation et surtout pour que chacun puisse en profiter comme il le souhaite : plus précisément, Séverine avale les livres à un rythme que je ne lui avait encore jamais connu, et je passe des heures de mon coté à écrire et à parler. Ce sont nos moments personnels, ceux qui nous permettent de vivre notre voyage intimement.



Detail de la facade d'un temple. On en rencontre de toutes tailles, parfois au coin de la rue ...



23h
La transition est toute trouvée pour aborder cette journée, volontairement tournée vers le repos. Comme la maison allait se vider (mais pour se réemplir !), après un gros week-end d'activités et de festivités, le moment était parfait pour une pause dominicale. Nous sommes pourtant réveillés fort matinalement par les marchands ambulants, beaucoup plus nombreux que d'habitude. Sans doute cela permet-il aux habitants de ces quartiers résidentiels de ne pas avoir à se déplacer au marché.



Le chariot avec son armature metallique est une institution.

Quand je descends au coin de la rue pour chercher du lait, des oeufs et quelques fruits, l'atmosphère est calme, tranquille. On perçoit très nettement le ralentissement des palpitations urbaines. En remontant, je souris à la vue de deux hommes briquant leurs voiture, en me disant que certaines pratiques semblent transcender les cultures.Je suis accueilli par Hortense. J'avance vers la porte, me retourne et aperçois une belle vache qui remonte la rue. Elle s'arrête devant la porte du jardin, en arrêt devant Hortense, comme si elle discernait un objet non identifié. Puis elle repart.Je suis bien dans mes tongues, même avec mes pieds déjà sales. Nous laissons ensuite les garçons pour nous rendre tranquillement « at the organic market ». Comme de bien entendu, ce fût l'occasion de retrouver les yogistes, puisque le marché n'ouvre ses portes qu'à la sortie des entraînements du matin. Ceux-ci ont lieu, pendant une heure ou plus entre 4 et 9, et le soir entre 5 et 7h. Nous débarquons donc au Green Hôtel, très chic, où sont réunis quelques exposants très bio, très environnementalement corrects et surtout très sains. Dans ce milieu, peu de tchaï, mais du thé vert à toute heure du jour. Nous, on y allait pour la mozarelle fumée (smoked mozarella), que nous avions eu l'occasion de gouter. Il s'en fallut de peu que les deux pièces récupérées dans la glacière ne ma passassent sous le nez. J'avais retenu la consigne : si tu veux quelque chose, soit là très tôt. Nous pûmes ensuite rentrer pour un bon breakfast, et une bonne séance de devoirs auxquels chacun s'appliquait. Pendant la sieste, j'eu l'occasion de rentrer un peu plus dans les détails de l'enseignement du yoga en discutant avec Hortario. Ce que j'en retiens me donne quand même envie d'aller y voir de plus près. Les parallèles avec les enseignements que je garde de mes études de philo ne manquent pas, quoi que dans le cas du yoga, le monde et le corps participent de manière beaucoup plus active à la recherche de la vérité. A voir. J'ai à peine le temps de me remettre à mon clavier qu'un couple de chiliens débarque. Elle est professeur de yoga, bien sur. Je respire un peu de constater qu'ils ne parlent pas anglais. AU moins, cela ne nous met pas dans l'obligation de parler. Mais après avoir rencontrer ces chiliens et d'autres sud américains, je réalise qu'ils sont beaucoup plus chaleureux que les anglo-saxons. Alors que l'on s'en tient au traditionnel :
- Hello, I'm Pierre. You can say Peter in english. Pleased to meet you
Ces personnes sont plus spontanément dans les embrassades et le contact physique.
Une petite histoire pour terminer, racontée en français avec un accent chilien/anglais :
Dans oune païsse récoulé, commé pouvait l'être la Papouasie Nouvelle Guinée, oun missionnaire est captouré par une tribou pratiquant le cannibalism.
Ces derniers sont clémentes et offrent une issou au pauvré padreIl est amené devant deux portés : l'une lui ouvré la libertad, l'autre le bouillon
Pour savoir quélle porte abrir, il a le droit de poser une question et oune seule à l'un des deux cannibales qui lui sont présentés ainsi : l'un dit touyours la verdad, l'autre est oune menteur.
Quelle est la question ???
Je rapporte un cadeau à celui ou celle qui me donne la réponse

Clin d'oeil du Communist Parti of India (Marxist), devant une des mosquee de Mysore

Remarque à propos des voisins : il se trouve que le quartier alentour est composé pour l'essentiel de familles brahamanes. Certains d'entre eux, qui étaient là pour manifester leur colère ont signifié que cette maison commençait à sentir le souffre : des emballages de viande de porc et de beef n'ont-ils pas été vus dans les poubelles ? L'occupant des lieux, que nous n'avons pas encore rencontré puisqu'il est en voyage, devra faire attention désormais à ce qu'il mange, car ses poubelles sont surveillées. Il devra aussi prendre l'engagement de ne plus organiser de soirées comme celle qui a eu lieu vendredi.Comme la vache est sacrée pour les hindous et le porc prohibé pour les musulmans, nous ne mangeons en effet que du mouton ou du poulet, quand il nous arrive de prendre de la viande, ce qui est rare.


Aujourd'hui, c'est jour de repassage dans la rue. Nous apprecions le gros fer a charbon ...




dimanche 27 janvier 2008

Independance Day !!!










250108 – Indira Ghandi Rashtriya Manav Sangrahalaya (National Museum of Mankind)

12h30
Après moultes hésitations, mon choix se portait ce matin toward this National Institution, engaged in collection, documentation, revistalization and popularization of contemporary cultures.

Le musée se situe sur Irwin Road, dans une ancienne maison datant du Raj, celle qui était occupée par la famille Wellington. Si le parc était entretenu, l'endroit serait vraiment magique. Cela ne nous empêche pas d'être séduits, dès l'entrée par les sculptures en terre cuite réalisées lors du dernier atelier organisé le mois dernier. L'idée est d'identifier des artistes représentant des cultures traditionnelles de l'Inde, de les réunir lors d'ateliers et d'exposer leurs oeuvres afin de les promouvoir.

L'intérieur de la résidence rassemble des peintures issues de différentes traditions picturales. Cet ensemble représente ce que nous avons vu de plus beau, en dehors des fresques du palais. Nous apprécions particulièrement les travaux de Shri Jangagarh Singh Shayam, membre d'une tribu Gond, de l'Etat du Madhya Pradesh. Comme d'habitude, aucun ouvrage ne nous permet de repartir avec une trace visuelle de ces tableaux, et comme d'habitude, il est interdit de prendre des photos... Nous passons quelques temps à dessiner et à profiter du calme « désuet » qui baigne les pièces de la maison. Nous repartons avec l'intention de revenir et avec l'adresse d'une des peintres qui réside non loin de Mysore.

L'atmosphère que nous découvrons en arrivant est totalement différente. Des Bombay girls, à l'air émancipé et très sûr, résidant non loin d'ici, sont en train de décorer la maison avec des guirlandes de jasmins et autres fleurs. On dispose de petites lampes à l'huile dans le jardin, où sont disposés tous les matelas de la maison. Gustav, un suédois dont on fête l'anniversaire, coordonne l'installation du « sound system » : le reggae des « Gladiators » donne le ton. Cette effervescence nous effraie un peu, et nous décidons de repartir en vadrouille. Les garçons sont déjà complètement exités et ne veulent pas nous suivre. Nous attrapons un rickshaw avec Hortense pour aller nous promener au jardin botanique. Nous nous perdrons sur le campus de Mysore, sans que personne puisse nous en indiquer la situation. Je demande alors le Folklore Museum, qui se trouve aussi sur le campus. Après moultes péripéties de trajet, nous finissons par arriver derrière une grande vieille batisse, qui s'avère être l'ancienne demeure de la soeur du maharadja. Après avoir trouvé l'entrée et s'être vus privés de nos appareils photo, un homme nous propose de le suivre. Les visiteurs ne doivent pas être légion car tout est fermé. Ainsi, au fur et à mesure de notre cheminement dans ce dédale de pièces, on allume et on éteint les lumières. On est subjugué par le nombre de pièces exposées : tout y passe, l'archéologie, les arts et traditions populaires avec des marionnettes en cuir aux allures fantasmagoriques d'un panthéon délirant, de vieilles sculptures en bois dont personne ne semble connaître la signification, une accumulation impressionnante d'objets familiers (poupées, berceaux, ustensiles de cuisine), des armes blanches, tous les costumes et accessoires du Yakshagana, une danse oubliée ressemblant à s'y méprendre au Khatakali, et j'en passe. La revue en détail du musée serait trop fastidieuse dans ces pages, d'autant plus que nous n'avons guère eu le temps de nous arrêter pour en mémoriser l'inventaire. Cela dit, je garderais en mémoire ces marionnettes fabuleuses, ainsi qu'une grande salle dédiée au souvenir des personnalités du Karnataka. Une quarantaine de vitrines horizontales renferment des photos, des écrits, des diplômes, des titres, des vêtements et des souvenirs d'écrivains, d'hommes politiques, d'artistes ayant marqué l'histoire récente de l'Etat. L'odeur de naphataline qui imbibe l'endroit, convient à merveille pour accentuer l'impression d'un lieu de mémoire vivant, où on conserve des traces ; ainsi de ce savon donné à l'une de ces personnes par le Mahatma (grande âme, great soul) Gandhi, qui repose, là.

Le rickshaw, conscient de ne pas avoir rempli son contrat, nous attend. Mais il était écrit que les choses ne se passeraient pas comme prévu : et nous tombons en panne.

Bref ! Retour à la maison plein d'images dans la tête. Les convives ont commencé à arriver. Ce quasi exclusivement des étudiants d'Ashanta yoga. Ils arrivent du monde entier pour participer à un stage annuel, qui leur permet de se retrouver à proximité de leur Maître (guru), Shri K Pattabhi.

Mais l'ambiance n'est pas à la pratique ce soir. La communion doit venir de la danse. Gustav est aux commandes, le son monte progressivement. Et même si à 8h, nous avons droit à une coupure de courant qui nous tiendra en haleine jusqu'à 9h, la centaine de personnes réunies, qui assises sur les matelas dans le jardin, qui autour de la table de la salle à manger, qui devant les enceintes, parlent d'une façon volubile dans des anglais aux accents multiples. Ce faisant, alors qu'on ne l'attendait plus, la lumière réapparait. Aussitôt, afin de relancer l'affaire, Gustav se lance dans un set puissant, qui happe la plupart des participants dans une quasi transe. La plus active à ce jeu, et pour sa première fête, sera Hortense. Avant que la police n'arrive et n'embarque les enceintes, et précédant de peu des voisins furieux, nous passons une bonne heure à danser, et elle nous étonne à suivre le rythme, à se fondre dans la musique.

Heureusement pour nous, la colère du voisinage a raison de la musique et, après que les derniers yogistes se soient esquivés, nous pouvons coucher les enfants, à une heure finalement raisonnable.
Ca fait du bien d'être secoué comme ça ! Et je me réjouis d'avoir été l'un des premiers cavaliers de ma fille, même si ce n'était pas pour une valse...




260108 – Tibetan Camp

Nous nous levons dans un vrai champ de ruines. Les relents de bière des cadavres de Kingfishers et de Forsters empestent dans la cuisine. Les fleurs sont éparpillées, les pétales dispersés sur le sol. Nous devions partir à 9h en direction du camp de réfugiés tibétains, mais nous y prenant trop tard sans doute, nous avons toutes les difficultés à trouver une grande voiture. Par ailleurs, ce samedi 26 janvier, c'est jour de fête nationale en Inde. Avachis sur les matelas, nous ne pensons même pas à nous rendre au défilé, préférant rester là à discuter, à boire du café et des tchaï. Hortario se demande s'il va devoir aller au poste dés ce matin en compagnie du loueur d'enceintes. Finalement, nous sommes rappelés par une agence qui dispose d'une voiture.
Nous partons en quatrième vitesse : l'aller et retour prend 5 heures et il est déjà 13h...


Ambiance...




Le site de « Banicopey » rassemble différentes communautés tibétaines ayant trouvé un refuge, offert par l'Etat du Karnataka. C'est, somme toute, la plus grosse communauté établie en Inde; elle compte pas moins de 5000 moines. Le monastère de Namdroling, que nous visitons, nous marquera par ces temples. Ceux-ci sont ouverts, et remplis de moines plus ou moins jeunes. Il s'agit de cours. La psalmodie emplit les lieux, ponctuée par le rythme d'un grand tambour et le son puissant des trompes de 5m de long environ. Le safran des robes est agité par quelques discussions entre deux chants, par les snacks ou les jus de fruit absorbés au long de ces longues séances. Une forme de gaieté habite ces lieux de cultes. Les plus grand temple autorise une circulation de part et d'autre des deux cotés de l'assemblée qui se font face. Au centre, un Bouddha de 18 m recouvert d'or domine de toute sa sagesse, la longue prière. On est héberlué. On a envie de se retrouver dans les montagnes, dans ces monastères aussi chatoyants de dieux que de couleurs, mais en pleine nature et d'y rester.
Moi en tout cas.
Car les enfants piaffent déjà pour rentrer, insensibles au destin de ce peuple apatride, dont la destinée ne résiste pas à la montée de la puissance chinoise. Il n'est que de se souvenir de la colère du gouvernenement chinois quand Angela Merkel avait accueilli le Dalaï Lama l'année dernière. Sarkozy en avait à peine profiter pour emmenener encore plus d'industriels français lors de la visite qui avait suivi peu après à Pékin, et ainsi, chipper quelques contrats aux allemands.