J'ai complètement perdu le fil des jours et d'un contenu qui pourrait leur être associé. C'est un sentiment bien curieux. Bien sur, je sais qu'hier, nous sommes allés au marché; qu'aujourd'hui, nous avons poursuivi notre découverte du quartier de Mattancherry, au sud de Fort Kochi; et que demain, nous essaierons d'aller nous baigner sur une ile à proximité de Kochi. Mais je ne suis plus capable de dire si nous sommes jeudi, lundi, ou dimanche. Etrange...
Tout se passe comme si ces textes constituaient le seul lien avec une forme de temporalité linéaire, avec ma mémoire, tout simplement.
Et justement, il me faut revenir impérativement sur notre excursion à Ernakulam. L'objectif formulé était un Emporium (magasin d'état à prix fixes) et un « dédale de ruelles », sic, dont on nous avait parlé. Ce type de magasin est le vestige d'un autre temps. On y parlait plan quinquennal, diplomatie est-ouest, idéologie, prix fixés par l'état pour un nombre important de denrées et de services, quoique ceux-là fussent assurés, justement, pour une large part par des entreprises ou administrations d'état. L'Emporium, donc, est un endroit qui présente encore un mérite : celui de vous indiquer un ordre de prix proche de celui qu'il faut atteindre. On mesure mieux après, les marges gigantesques que certains commerçants peuvent s'assurer avec les touristes. Exemple : Séverine se présente dans un magasin de vêtement cet après-midi. Elle entend un parisien (reconnaissable à son accent, c'est bien connu) qui houspille femme et enfants, tous griffés, pour qu'ils abrègent la séance. Finalement, le montant de leurs achats s'avère de 3 à 4 fois supérieur au prix normal. Séverine n'avait plus qu'à sortir, le jeu étant désormais faussé.
Nous n'y fîmes qu'une brève halte. De retour sur la grande avenue, Broadway Road, nous nous mîmes en quête du premier passage venu, susceptible de ressembler à une ruelle. Il fut rapidement trouvé. Nous nous retrouvâmes alors dans une sorte de complexe à étages, garnis de petites échoppes en tous genres. C'était déjà beaucoup plus sympathique comme ambiance. Cette déambulation nous amena tout droit au seuil d'un magasin de textiles; comprenez saris, dothis, moustiquaires, et autres accessoires en tissu. Nous y passâmes un moment, et l'on vint nous offrir le thé. Une attention fréquente ici, comme elle l'était aussi à Bali d'ailleurs, mais qui fait toujours autant plaisir.
Cette promenade s'annonçait sous les meilleurs auspices. Nous la continuâmes en nous enfonçant toujours plus avant dans ces ruelles que nous cherchions. A un moment, un étal de piments et d'autres épices nous fit tourner les yeux. Notre flair, aiguisé comme jamais, sentait la présence d'un marché. Nous nous retrouvions finalement, Séverine et moi, dans un véritable état d'exitation. Embrayant dans cette allée, je me retrouvai nez à nez avec un homme avec lequel j'avais partagé un thé aux aurores, alors que je revenai avec les courses du petit déjeuner. Notre surprise fut aussi grande que notre joie spontanée.
L'heure qui suivit nous vit parcourir le marché, à grandes enjambées enthousiastes. Il s'agissait surtout de prendre la mesure des lieux, les dimensions des différents quartiers du marché, et en particulier celui aux poissons, bien sur. Les enfants, brinqueballés dans cette foule, oppressés par la chaleur, le bruit et les sollicitations réclamaient rapidement « un arrêt aux stands ». Nous dûmes nous échapper pour nous mettre le plus vite possible à l'ombre, au calme et en situation de nous restaurer. Il était hors de question de reprendre le ferry avant le déjeuner, aussi nous prîmes un rickshaw pour nous rendre au Fry Village Restaurant, une sorte de cantine locale où nous nous régalâmes d'un tali fish curry et de byriani pour les enfants.
Le retour fut plus calme et nous pûmes gouter une après-midi de repos, en omettant pas quelques devoirs, histoire de ne pas perdre la main.
Juste un mot sur le diner pour signaler que cette première salade maison depuis notre arrivée nous ravit les papilles.
Du fait d'un coucher relativement tardif, notre réveil fut plus difficile ce matin. Et la marche que nous entreprîmes ensuite fut trop longue. J'avais mal évalué les distances, et la malchance voulut que nous ne pussions pas prendre de collation avant un bon moment. Cela dit, la cantine où nous nous arrêtâmes nous offrit un excellent moment.
Un merci en passant à tous ceux et celles qui nous envoient des petits mots. Si je ne réponds pas toujours, sachez en tout cas qu'il sont fort appréciés.
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