samedi 5 janvier 2008

Une matinée à Cherai Beach.




Fort Kochi – 040108 – 15h00

C'est la mer d'Arabie qui vient lècher la côte de Cochin et de sa région. L'estuaire qui passe au nord de Kochi pour s'enfoncé dans les terres, est fréquenté par beaucoup de bateaux, et surtout, les eaux sont chargées des dépôts déversés par l'agglomération d'Ernakulam. Aussi, n'est-il pas recommandé de s'y baigné, à moins d'avoir un système immunitaire renforcé.
Heureusement, une plage a été aménagée à quelques km au nord de Cochin. S'y rendre prend une bonne heure et demie; il faut en effet accéder d'abord au ferry, ou au bac, afin de traverser l'estuaire. Pour nous, c'est donc 5 mn en rickshaw, à l'heure ou la ville se réveille. Arrivés de l'autre coté, on cherche un bus en criant « Cherai Beach, Cherai beach ! ». Là, nous sommes obligés de nous séparer. En effet, dans certains bus, mais c'est aussi le cas des files d'attentes, des salles d'attentes dans les gares, de certains ferrys, les places sont assignées aux hommes et aux femmes. La pruderie est un héritage de l'ère victorienne, comme le stick des policemen, qui sont devenus partie intégrante de la société indienne. Le contraste est saisissant quand on s'intéresse au partimoine littéraire (kama sutra), ou aux sculptures sexuellement explicites rencontrées sur de nombreux temples hindous. Cela dit, comme très souvent, nous nous retrouvons bientôt serrés les uns contre les autres, et dans cette promiscuité forcée, on se rend à l'évidence : cette séparation est aussi une solution pratique, que ne remettraient pas en question nombre de femmes qui doivent prendre le métro ou le RER. On nous fait descendre à un carrefour pour remonter dans un rickshaw. Enfin ! nous arrivons à Cherai beach où nous passons une agréable matinée. Nous profitons du spectacle offert par des pêcheurs qui vont et viennent avec leur petite pirogue noire. Alors que j'essaie de saisir au vol les gestes du pécheur qui lance son filet, j'apprécie la beauté du geste.













Comme prévu, hier, nous sommes repartis tôt pour faire notre seconde visite du marché. Nous revoyons des marchandes de poissons, des vendeurs de fruits et de légumes, et même certains porteurs. Sous un porche qui relie le marché aux poissons à celui des épices, je suis tombé en arrêt devant une galerie de portraits magnifiques : s'y cotoient Lénine, Engels, Marx, Staline et différents représentants du PCI(M), le parti communiste du Kerala. Impossible malheureusement de savoir si ces témoignages d'un passé glorieux font parti d'un patrimoine encore vénéré, ou bien s'ils ne sont encore là que par habitude. Ces tableaux auraient leur place dans un bon guide.




20h00
Le diner s'est terminé au moment ou le muezzin entamait l'appel à la prière, et juste avant que la coupure d'électricité journalière ne nous mette dans le noir pour une demi-heure. Et c'est moins la lumière qui manque que les fans avec lesquels nous vivons sans arrêt : on est aussitôt submergé par une chappe de chaleur qui vous enveloppe et vous empêche de faire quoi que ce soit.
Nous avons profité, ce soir, des calamars achetés ce matin, sur la plage; c'est l'un des endroits les plus courus du sud de l'Inde avec d'immenses carrelets chinois, du même type que ceux que l'on trouve en Rance. Il sont toutefois beaucoup plus grands, et maniés par plusieurs pécheurs. A coté, les pirogues s'entassent au retour de la pêche et les étals de poissons se multiplient.







Partis avec un simple jus de fruits dans l'estomac, il était temps de faire une pause. Parmi tous les marchands ambulants de la place, je ne doutais pas de trouver, à un moment ou à un autre, un vendeur de tchaï. Ce fut mieux que ça : le stand devait être réputé car la cadence de production était impressionnante. Deux hommes sont postés derrière la table, l'un pour préparer le thé, l'autre pour servir les assiettes d'uthapam au curry, d'oeufs durs avec une sauce curry et pour encaisser. Le premier récupère les verres posés sur le comptoir, les rince et les remplit avec une nouvelle tournée. Chacun se sert alors, profitant le plus souvent, comme nous, des différentes galettes, beignets de légumes masala ou bananes frites disponibles dans une vitrine. Là encore, j'ai le sentiment d'assister à une sorte de ballet bien réglé, tant du coté des marchands que des clients. Les échanges de paroles sont vifs et pressés, les assiettes rapidement nettoyées par des mains expertes à faire des boulettes.



Hortense et Théodore sont maintenant adeptes du tchaï. Edgar et Théodore, suivant Séverine, prenne un beignet masala (hmmm ! les petits morceaux de piments verts à 8h00 le matin), mais finissent par une banane frite. Finalement, pendant de tels moments, on nourrit autant ses yeux que son estomac. Et l'on repart content, malgré la frugalité objective du repas. Et ce n'est pas avec un déjeuner composé d'un énorme jus de fruits (bananes, ananas, oranges) agrémenté d'une barre de nougat que l'on compensera. Pourtant, ça va. Ca m'étonne plus que cela ne m'inquiète, mais nous faisons attention ; bien sur.




Nous commençons sérieusement à nous interroger sur notre future destination : plein nord pour suivre la côte, nord ouest pour rejoindre les hauts plateaux qui hébergent les parcs nationaux et les grands plantations de thé, plein ouest pour aller retrouver des copains à Pondicherry ??? Seule contrainte : être à Bangalore debut février pour retrouver Magali et filer ensuite vers Hampi où nous passerons sans doute une semaine avant de redescendre au sud du Kerala, via Kochi où nous allons sans doute nous alléger de quelques affaires. Le vrai sens du voyage : s'alléger, se dénuder, dégager le superficiel.